Faute avouée à moitié pardonnée : nous ignorons si le zèbre est blanc avec des rayures noires ou noir avec des rayures blanches.
En revanche, nous connaissons le potentiel esthétique de ce motif à nul autre pareil, raison pour laquelle nous lui avons laissé la part du lion sur nos portants.
Entre les lignes de ce papier, nous vous proposons d’en découvrir beaucoup d’autres et d’embarquer pour un voyage à la verticale du côté de notre pièce préférée.
Un plaidoyer pour la rayure
Dans le monde de l’habillement, le motif intrigue autant qu’il inquiète. Loin des calmes rivages des unis bleus et gris, il intimide par sa présence et son exigence. De fait, sa géométrie ajoute à la complexité d’une tenue, ce qui le rend à la fois attirant et redoutable.
À l’image d’une couleur atypique, d’une coupe singulière ou d’un design original, le motif est un paramètre décisif : maîtrisé, il contribue indéniablement au triomphe d’une composition ; négligé, il peut facilement en briser l’harmonie.
Au royaume des chamarrures, la rayure profite pourtant d’un statut particulier. À la verticale, elle allonge la silhouette et offre un charme tout élancé à n’importe quel ensemble. Plus neutre que le carreau, plus légère que le pied-de-poule et définitivement moins extravagante que le léopard, elle s’impose presque comme une transition entre l’uni et le motif.
Avec ses lignes parallèles diversement perceptibles, diversement épaisses et diversement espacées, la rayure imprime subtilement le thème de l’élévation ; une piste de choix pour ceux qui aspirent à prendre de la hauteur sur le plan stylistique.
La rayure en toute simplicité
S’il est vrai que le vichy, le pois, le chevron ou l’argyle paraissent inabordables, il n’est rien de plus avenant que le motif rayé. Simple et minimaliste, il se propose en toute discrétion, presque timidement, apportant aux pièces qui s’en parent une distinction pleine de pudeur.
Contrairement à certains bariolis, la rayure n’insiste pas. Elle ne revendique pas. Elle n’appuie aucunement. Elle se contente de passer, tantôt de haut en bas, tantôt de bas en haut. Plus ou moins perceptiblement. Toujours gracieusement.
Au fond, ce n’est pas un hasard si les chemises classiques en ont fait leur meilleure amie. Vous savez ce que pense la finesse du m’as-tu-vu et de la gloriole, et personne ne s’étonnera de voir la chemiserie s’éprendre du plus raffiné des motifs.
Chez Hast aussi, et sans surprise, vous constaterez que la rayure s’est attirée les faveurs de nos chemises habillées. Fidèle alliée du Beau, acolyte du bon goût et favorite de l’élégance formelle, elle s’allonge sur nos pièces avec sa rigueur habituelle et son ordinaire délicatesse.
Les différents types de rayures
À ce stade, il convient de préciser qu’il existe une infinité de rayures. En la matière, couleur, largeur et espacement sont les trois variables qui entrent en jeu pour vous servir sur un plateau 1 001 possibilités.
De façon générale, la règle est la suivante : plus les rayures sont serrées, fines et ton sur ton, plus elles sont habillées. À l’inverse, les rayures espacées, larges et contrastantes habillent plutôt les chemises casual.
Sans le prendre au pied de la lettre, nous avons respecté ce principe pour diaprer nos chemises, au point que les plus habillées d’entre elles paraissent unies derrière la discrétion de leurs rayures.
Ceci étant dit, il n’est pas impossible de contourner cette prescription, à condition de le faire en connaissance de cause. Les rayures épaisses et ostensibles ont par exemple fait les beaux jours du style Wall Street dans les années 80-90… mais n’est pas Patrick Bateman qui veut (et tant mieux).
Christian Bale en Patrick Bateman dans American Psycho, Mary Harron, 2001.
En résumé, voici les trois typologies de chemises rayées que vous trouverez sur nos cintres :
- La gamme la plus habillée. Principalement vêtue de popeline et de twill, celle-ci englobe des chemises bleues et blanches plutôt longues et ajustées - destinées à être portées dans le pantalon. Les rayures sont fines, peu espacées et travaillées dans des couleurs simples et claires. Excellente alternative à l’uni, elle apporte une note de sophistication en toute discrétion.
- La gamme intermédiaire. À manipuler avec précaution, cette sélection peut s’envisager dans des tenues formelles ou plus décontractées. Majoritairement parée de popeline, elle ose des rayures généreuses et prononcées, éventuellement dans des couleurs audacieuses.
- La gamme casual. Quittons la popeline pour les tissus plus texturés que sont l’oxford ou la flanelle, ouvragés en coton, laine ou lin. Ici, les rayures servent des chemises décontractées assez courtes et droites, pensées pour être arborées ouvertes sur un t-shirt ou fermées hors du pantalon. Plus extravagant, le motif exprime ici son plein potentiel.
L’art d’associer la chemise rayée
Le choix d’une chemise à rayures n’est pas tout, il faut aussi l’assortir convenablement. Pour vous accompagner sur ce chemin périlleux, voici trois conseils pour éviter le faux-pas :
- Méfiez-vous de la surenchère. Plus elles sont visibles et consistantes, plus les rayures donnent du corps à votre tenue. Par suite, nous vous recommandons de miser sur la sobriété pour compléter l’ensemble.
- Surveillez l’harmonie des couleurs. Une chemise rayée étant a minima bicolore, il conviendra de garder un œil attentif sur l’équilibre chromatique du reste de votre composition. En misant sur des nuances analogues ou complémentaires, vous vous assurerez automatiquement contre les bourdes.
- Mariez les registres. Comme vous le savez, les chemises à rayures fines et discrètes sont habillées tandis que les chemises à rayures larges et démonstratives convoquent un imaginaire décontracté. Aussi, mobiliser les premières avec un chino ou les secondes avec une veste de costume serait maladroit.
Nous ne le répéterons jamais assez, il n’est aucune règle qui ne saurait être transgressée en matière d’habillement. En même temps que ces instructions élémentaires, nous vous en offrons donc une quatrième pour le même prix : n’hésitez surtout pas à vous en affranchir.
Le cas particulier de la rayure au carré
Gimmick stylistique particulièrement savoureux, le mélange des rayures compte parmi les combinaisons les plus étonnantes et efficaces du vestiaire masculin. Cette déclaration peut sembler étrange après notre mise en garde contre le trop-plein de motifs, mais elle rappelle qu’il ne faut jamais dire jamais quand nous parlons chiffons.
Invraisemblable mais vrai, il est tout à fait possible de marier une chemise rayée avec une cravate rayée et un costume rayé sans ressembler à un code-barres humain. Le secret pour y arriver ? Jouer la carte de la diversité.
Si vous faites varier l’épaisseur et l’espacement des rayures sur chaque pièce (tout en soignant une certaine cohérence colorimétrique), vous devriez vous en sortir avec les félicitations du jury.
Le mot de la fin
Comme beaucoup de motifs, la rayure intimide. Pourtant, elle est très probablement le plus facile d’entre eux tant, et une formidable alternative à l’uni. En plus de flatter la silhouette - pour ce qui est de sa version verticale - elle offre de larges possibilités au plan esthétique. En jouant sur la couleur, la largeur ou l’intervalle, vous pourrez composer des tenues originales et sophistiquées, des plus élégantes aux plus décontractées. Point, à la ligne.